Tiré du livre d’or des âmes du Purgatoire, par M.-J.-S. Benoît de J., prêtre (Montréal, 1925)
« Ce volume, contient (…) cent cinquante récits de merveilleuses apparitions des âmes du purgatoire. Tous ces traits extraordinaires ont été tirés des écrits de maîtres très renommés de la vie spirituelle. »
Cinquante-quatrième apparition: Le secours qu’apportent les âmes du purgatoire
Plus le service qu’on rend est grand, plus on mérite de gratitude. Donc, les pauvres âmes, qu’on aura soulagées, au purgatoire comme au ciel, nous seront très reconnaissantes et nous assisteront même dans les choses d’ici-bas. A Paris, en 1827, une pauvre servante avait la sainte pratique de faire dire une messe par mois, pour les âmes du purgatoire, et d’y assister. Dieu l’éprouva bientôt par une longue maladie, qui la fit cruellement souffrir, lui fit perdre sa place et lui fit dépenser à peu près tout ce qu’elle avait gagné. Le jour où elle put enfin sortir, il ne lui restait que juste le prix d’une messe. En se cherchant de l’emploi, elle passa devant l’église de Saint-Eustache. Elle y entra, y pria beaucoup et avec ferveur. Voyant un prêtre à l’autel, elle se rappela, qu’à ce mois, elle n’avait pas fait dire sa messe ordinaire, pour les défunts. Mais que faire ? Elle n’avait plus que vingt sous pour payer son dîner. Ce fut en elle un combat entre sa dévotion et la faim. La dévotion l’emporta. « Après tout, se dit-elle, le bon Dieu voit que c’est pour lui et il ne m’abandonnera pas. » Elle va payer sa messe et y assiste avec sa piété accoutumée. Ensuite, elle continua son chemin, pleine d’inquiétude. Elle était dans ce trouble, lorsqu’un jeune homme pâle, d’un maintien distingué, s’approche d’elle et lui dit : « Vous cherchez une place ? – Oui, monsieur, répondit-elle. – Eh! bien, allez à telle rue, tel numéro ; je crois que vous trouverez là de l’emploi et que vous y serez bien. » Et il disparut sans entendre les remerciements que la pauvre fille lui adressait. En arrivant à la maison indiquée, elle vit une servante qui en sortait, en murmurant des paroles de plaintes et de colère. La nouvelle venue lui demanda si la maîtresse de la maison y était. « Peut-être que oui, peut-être que non, répond l’autre. Que m’importe ? je n’ai plus à m’en mêler. Adieu », et elle s’en va. La pauvre fille sonne en tremblant et une voix douce lui dit d’entrer. Elle se trouve en face d’une dame âgée, d’un aspect vénérable, qui l’encourage à exposer sa demande. « Madame, j’ai appris, ce matin, que vous aviez besoin d’une servante, et je viens m’offrir à vous ; on m’a assuré que vous m’accueilleriez avec bonté. – Mais, ma chère enfant, dit la dame, ce que vous me dites-là est fort extraordinaire ; car ce matin je n’avais besoin de personne ; depuis une demi-heure seulement, j’ai chassé une insolente domestique, et il n’est pas une âme au monde, hors elle et moi, qui le sache encore. Qui donc vous envoie ? – C’est, répondit-elle, un monsieur, un jeune monsieur, que j’ai rencontré dans la rue. » La vieille dame ne pouvait comprendre quel pouvait être ce jeune homme, lorsque la servante, levant les yeux sur le mur, aperçut un portrait. « Tenez, madame, dit-elle, ne cherchez pas plus longtemps : voilà exactement la figure du jeune homme qui m’a parlé ; c’est de sa part que je viens vous voir. » A ces mots, la dame pousse un grand cri et semble prête à perdre connaissance. Elle se fait redire toute cette histoire ; celle de la dévotion aux âmes du purgatoire, de la messe du matin, de la rencontre du jeune homme ; puis, se jetant au cou de la pauvre fille, elle l’embrassa avec tendresse et lui dit : « Vous ne serez pas ma servante ; vous êtes, dès ce moment, ma fille ; c’est mon fils, mon fils unique que vous avez vu ; mon fils, mort depuis deux ans, que vous avez délivré du purgatoire, je n’en puis douter. Soyez donc bénie et prions ensemble pour tous ceux qui souffrent avant d’entrer dans la bienheureuse éternité. » Imitons-les, et prions sans cesse pour les pauvres âmes du purgatoire, nous en serons récompensés comme cette pauvre fille.
Mardi
Seigneur, Dieu tout-puissant,
je vous en conjure par le Sang précieux
que votre Fils Jésus a versé dans le couronnement d’épines,
délivrez les âmes du purgatoire
et, en particulier, celle qui devrait, la dernière, sortir de ces souffrances,
afin qu’elle ne doive point attendre si longtemps
pour vous louer et vous bénir dans votre gloire pour l’éternité. Ainsi soit-il.
V/. Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel.
R/. Et que la lumière sans fin brille sur eux.
V/. Qu’ils reposent en paix.
R/. Amen.